L'Association

Historique

Les Origines de l'Oeuvre Baptiste à Paris

  

   Il est difficile de fixer une date précise aux débuts de l'ouvre baptiste à Paris. Dès 1839 on connaît l'existence d'un petit groupe de chrétiens baptisés par immersion, qui se réunissent rue Saint-Etienne-du-Mont et qui formeront le noyau de toute l'oeuvre baptiste à Paris. La petite église de quatre membres au début grandit peu à peu et se transporte successivement au 145 de la rue du Faubourg Poissonnière, puis au 10 de la rue Saint-Roch où elle reçoit la visite du grand prédicateur C.H.SPURGEON; enfin elle s'installe rue des Bons-Enfants jusqu'au jour, où, sous la direction du pasteur DIEZ, et grâce à la contribution financière du Comité Missionnaire Baptiste Américain de Boston, fut édifiée la vaste chapelle 48, rue de Lille (1873).

   La communauté Baptiste de Paris avait, de très bonne heure, comme ses soeurs du Nord da la France ou de Saint-Etienne, pris conscience de ce que l'on doit tenir pour une des vocations propres à notre dénominatin; l'évangélisation des milieux populaires. Bientôt Aimé CADOT entrait comme évangéliste au service de l'église de la rue de Lille et commençait, avec le jeune pasteur LEPOIDS à travailler dans ce quartier ouvrier populeux de Plaisance, où trente ans plus tard plantait sa tente l'église de l'Avenue du Maine. Une première salle fut ouverte rue de l'Ouest. Une autre, après quelques années, rue de Vanves; là, dirigés par les pasteurs LEPOIDS et ANDRU, firent leurs premières armes les jeunes étudiants Philémon et Samuel VINCENT. Devenus pasteurs à leur tour c'est encore à ce quartier qu'ils consacraient une bonne part de leur infatigable activité: 29, rue du Texel, la salle d'évangélisation s'ouvrait presque chaque soir et longtemps constitua une annexe vivante et conquérante de l'église de la rue de Lille.

   Ainsi Dieu semblait déjà désigner à son ouvrier le champ de travail où il l'appellerait bientôt spécialement. Un jour l'église elle-même viendrait, à pied d'oeuvre, recueillir les fruits de tant de patient travail; et l'un de ses pasteurs pouvait, ce jour-là, affirmer dans la foi: 

     "Dieu bénira les enfants pour la fidélité des pères". 

 

L'Eglise Baptiste rue de Lille

 

   Toute cette activité atteste la vie de l'église qui s'assemblait rue de Lille. Depuis 1887 elle avait appelé à sa tête Philémon VINCENT,  l'ancien suffragant des pasteurs DIEZ et VIGNAL; bienôt après, son frère Samuel, son successeur à Saint-Etienne, venait l'aider dans sa lourde tâche.

   La communauté était nombreuse et s'accroissait vite: de 191 membres baptisés au 1er janvier 1892 elle passait à 265 l'année suivante; en 1894 plus de 600 auditeurs se pressaient à la fête de Noël. Et pourtant la situation de la Chapelle pouvait par&ître ingrate, dans ce vieux quartier endormi des antiquaires, étouffé entre les louanges bâtisses officielles des ministres et des ambassades, où dans le silence des rues les hôtels particuliers d'une aristocratie surrannée semblent verser un mépris maussade.

   Mais l'église était vivante et affairée. Le zèle missinnaire l'embrasait. Tout le Paris de la Rive Gauche était son vaste champ d'oeuvre. Plusieurs salles d'évangélisation dépendirent toujours simultanément  de l'église; les quartiers les plus divers furent ainsi travaillés, selon les opportunitées: Plaisance et la place Maubert, Vaugirard, la rue Sarrette, Avenue d'Orléans, rue du Pont-de-Lodi. Les diacres, les jeunes gens, bien des membres payaient de leur personne et permettaient aux pasteurs d'assurer encore d'autres réunions en banlieue, à Coignières, au Mesnil-Saint-Denis.

   Ces efforts multipliés et soutenus s'alimentaient, comme à leur source naturelle, à la piété fervante de l'église, qui se fortifiait de jour en jour à se dépenser sans mesurer. Plus de cent réunions de prières chaque mois préparaient les  réuninos diverses qui se tenaient ici ou là (1892).

   On donne à celui qui a !....C'est à ce moment que l'Eglise fut dotée d'un instrment de travail d'une rare efficacitée: Philemon et Samuel VINCENT, activement secondés par Elisée MANEVAL, l'évangéliste de l'église, publiaient en juin 1892 le premier numéro mensuel du journal "La Pioche et la Truelle". C'était un journal populaire d'évangélisation. Le rare talent de journaliste de Ph. VINCENT, si simple et si direct, son sens avisé et sa riche expérience de la mentalité des foules firent tout de suite de " la Pioche " non pas seulement un journal unique dans la presse protestante, mais l'outil le mieux adapté à la tâche pour laquelle il avait été conçu.

   Le succès fut rapide; les 4.000 exemplaires du premier numéro s'enlevaient à moins de huit jours, et le tirage s'élevait à 16.500 avec le numéro 4; en même temps que s'agrandissait le format. Mais son efficacité ne mesure pas seulement à ces chiffres. La vente du Journal était une vraie tounée de colpotage.

   Ainsi l'église baptiste de la rue de Lille habituée à la prière, ardente à évangéliser, fidèle à sa vocation et groupée autour de pasteurs d'une rare consécration, pourvue enfin d'un jounal, se trouvait singulièrement bien preparée à résister aux bourrasques qui allaient souffler contre elle jusqu'à la mettre en péril de mort.

 

(Texte tiré du livre "UNE EGLISE BAPTISTE" publié par la Socité d'Histoire du Baptisme)

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